[i]Parce qu'elle était cuisinière, Dulcé adorait faire les courses. Une fois par semaine, elle faisait le marché, tôt le matin, et c'était bien le seul jour où elle se levait sans se faire prier. Et une ou deux fois dans la semaine, elle faisait des courses au supermarché. Elle était une des seules de l'appartement à adorer ça, faire les courses. La cuisine était son domaine, et quand on foutait le bordel dans le frigo ou qu'on mangeait un fruit qui était destiné à une de ses recettes, elle se fâchait tout rouge et très fort. Les oeufs restaient dans le compartiment à oeuf et si Apollinaire oubliait de remettre le beurre dans le beurrier et dans le petit compartiment prévu à cet effet dans la porte du frigidaire, ça bardait.
Quand elle ne travaillait pas, Dulcé aimait cuisiner pour ses colocataires. Ca lui prenait d'un coup, alors elle se levait, s'habillait, et piochait dans le pot commun de l'appart - un grand saladier dans lequel on mettait l'argent pour la bouffe - avant de se ruer au supermarché Bio à deux rues de là. Elle pouvait passer des heures entre les rayons. Il fallait telle viande, telle quantité de poivrons; elle connaissait toutes ses recettes par coeur et déambulait dans le magasin avec son portable à la main, pour calculer combien elle devait acheter en cuisinant pour sept.