Moi quand j'ai rendez-vous, c'est avec des gonzesses!

Décidément, Elio ne comprenait plus rien à rien. Londres n'était pour lui qu'une grosse usine à laquelle il ne comprenait rien du tout. Vivre dans une grande ville comme ça relevait de la mission impossible pour lui, enfant du port. En Sicile, là où il avait passé sa vie, il avait appris à apprivoiser les couleurs qui faisaient partie de son quotidien. Il savait que la mer était bleue, le ciel aussi, les murs de sa maison jaunes et rouges, l'herbe des montagnes, verte. Il avait assimilé et arrivait maintenant à voir la vie, là-bas, telle qu'elle était.

Ici, tout était différent. Il ne connaissait rien. Tout autour de lui l'agressait, et le jeune homme savait au fond de lui que le problème ne venait pas de Londres, mais de lui. A Paris, New-York, ou même en Italie, n'importe où, le problème serait le même. Il devait de toute façon apprivoiser l'endroit pour pouvoir y vivre, arriver à connaitre les couleurs pour enfin les voir. Elio aurait aimé être un Daltonien plutôt normal, c'est à dire confondre certaines couleurs, ou ne pas en voir certaines. L'idéal aurait été de voir la vie en noir et blanc. Mais la nature avait fait ça autrement. Elio avait une forme de daltonisme plus prononcée, plus rare; non seulement certaines couleurs lui apparaissaient comme ternes, non seulement il en confondaient plusieurs, mais en plus, celles qu'il voyaient lui apparaissaient très vives, criardes. Il ne voyait pas vraiment de couleurs sombres, tout devenait flou. Bien entendu, il était possible de vivre avec ce handicap, Elio le faisait depuis vingt ans. Néanmoins, c'était dérangeant, et le jeune homme souffrait souvent de violentes migraines à cause de sa vision étrange.

Un soir, fatigué par les couleurs, Elio alla s'asseoir près de la tamise. Il choisit un coin peu éclairé et donc peu fréquenté. il n'avait absolument pas peur d'être agressé. Grandir dans une famille de la mafia sicilienne a comme avantages qu'on sait se défendre, et qu'en cas de problèmes, on est protégés.
Loin des lumières des péniches, le jeune homme pouvait se reposer les yeux. Il finit même par s'assoupir sur un banc, le poing fermé sur son cran d'arrêt, dans sa poche.

Bella Jazz Weeple (mais je ne retrouve plus mon mot de passe ...) aimait se balader très tôt le matin, lorsque le soleil n'était même pas encore levé, quand il faisait encore si froid qu'il fallait s'emmitoufler dans un gros manteau.
Oui Bella aimait ça, et ce matin là elle était sortit, elle avait enfilé de grosse boots noires qu'elle n'avait pas pris le temps d'attacher, et longeait la Tamise dans l'aube fraiche.

Elle posa ses avant bras sur la barrière qui empêchait les jeunes enfants de vouloir plonger dans l'eau, les yeux dans le vide. De sa bouche sortait une épaisse fumée, pas celle d'une cigarette, non, celle qui témoignait de la différence de température entre son corps et l'air extérieur. Elle soupira, parfois Bella se disait que sa vie n'avait pas vraiment de sens ...

Elle détourna les yeux et crut voir un homme allongé sur un banc, Bella frissonna, il se portait presque rien, elle se disait qu'il devait vraiment avoir froid.

» Quand tu ne m'appartiens pas...
» Et elle entra en piste avec autant d'entrain qu'un paresseux en train de paresser!
» Comme il vous plaira || Les Archer + Tove