Un Campus et une ville Londres
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Un Campus et une ville Londres

un campus dans la forêt londonienne, l'agitation, le boulot, les études...
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Angus Stone
Hippie
Hippie
Angus Stone


Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeMer 8 Sep - 21:38

    Jusqu'à l'âge de onze ans environ, Angus avait été analphabète. Et souffrant de cet handicap conséquent, le garçon avait peu à peu appris à lire grâce à sa grand-mère. Il lui piquait tous ses livres ou alors, il l'écoutait raconter des histoires et il parlait comme dans les livres parfois, pour frimer. L'écriture maladroite, Angus n'avait jamais été très à l'aise avec un crayon en main. C'était crispant à tenir mais il s'accrochait quand même. Et, au bout du compte, Angus passait plus de temps à lire qu'à écrire. C'était à peine s'il prenait la peine de gratouiller quelque chose sur une feuille pendant les cours.
    Non, il s'enivre. Il n'a pas besoin de prendre des notes. Il écoute, attentif, et suffisamment intelligent pour retenir les choses essentielles. Sa culture est immense ; Angus passe la majeure partie de son temps à lire, ou à regarder. Contempler. Observer. Songer et comprendre. Il sait qu'on apprend davantage en faisant attention aux autres et aux mots qu'en baissant son nez sur une feuille blanche. Il le sait mieux que quiconque, et ses voyages l'ont tellement nourri qu'on eut presque dit de lui que c'était un surdoué - mais l'anglais ne l'est pas. Il est seulement, foutrement, riche. Riche en gens, riche en livres, riche en images, riche en odeurs. C'est une armoire qui renferme un tas de belles choses, car il s'en galvanise passionnément. C'est une panoplie des merveilles les plus maussades et les plus pourpres de la vie. Ce n'est pas un garçon âcre, c'est un garçon doux qui adoucit les choses âcres, justement. Il rendrait les laideurs les plus touchantes.
    Puis la musique. La musique des livres et la musique tout court. De belles chansons, les plus belles pour lui. Les plus enrichissantes. Angus peut passer toute une journée dans une musique de fond, rien que pour se nourrir musicalement et pour ne pas faire subir à ses oreilles les horreurs du monde. Mais il n'a rien contre la mélodie d'un rire, d'un gloussement, d'un sourire, d'une phrase bien placée ou d'un cri amoureux. Il aime toutes les sonorités sensibles et colorées du monde, Angus.
    Alors, il n'était évidemment pas étonnant de retrouver Angus Stone à la bibliothèque du campus, quoique pauvre en matière de bonne littérature. Il était là pour les identités olfactives des bouquins sur les étagères, essentiellement. Il était déjà caché entre deux rangs, à reniflant discrètement une page d'un livre de Sartre. La bonne odeur des veilles pages jaunies et abîmées par le temps... Une symphonie.

    [Ouais j'aime bien m'emporter pour dire de la merde.]
Revenir en haut Aller en bas
D. Walter Blake
Ambitieux
Ambitieux
D. Walter Blake


Nombre de messages : 41
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeSam 11 Sep - 18:59

[T'es mignonne. Maintenant je dois me casser le cul à trouver un prétexte pour mettre une aveugle dans une bibli héhé]

    Nonsense. Blake aimait rentrer dans les bibliothèques rien que pour leur odeur, leurs bruissements de papier, leur rumeur de gens qui parlent tout bas mais qu'on entend quand même. Bien sur, elle était aveugle, mais à force, elle finissait pas ne pas le faire remarquer. Elle parvenait à se déplacer de manière coordonnée sans tâtonner partout. Elle se repérait au bruit. Même avant l'accident, elle avait toujours eu l'ouïe très fine, 'l'oreille musicale', disait fièrement sa jeune mère. Enfin, disait sa mère...Il lui semblait se souvenir.

    Bien sur, la bibliothèque du campus ne contenait pas de livres en braille, mais puisqu'elle était toute proche, et que Bobby avait dit qu'elle était très belle - Blake avait le gout des choses absurdes, si quelqu'un lui disait que quelque chose était beau, elle y allait rien que pour entendre sa musique. Bobby. Elle l'avait laissée en Europe, elle était partie seule, par panique, et par lâcheté. C'était dégueulasse. Elle fut contente, pour une seconde, d'être aveugle. Sa cécité lui avait, étrangement, enlevé l'appréhension du regard des gens, enfin, de ceux qu'elle ne connaissaient pas, les autres, c'était...Hé bien, toute une autre histoire. Enfin, elle pouvait être triste si elle voulait, tant pis si ça gênait les autres.

    Elle s'assit à une table qui lui sembla vide, se laissa aller contre le dossier de la chaise, se mit à respirer profondément comme pour calmer les battements de cœur après un marathon. Une, deux, trois secondes....Et Blake, 'rayonnante', allait mieux.
Revenir en haut Aller en bas
Angus Stone
Hippie
Hippie
Angus Stone


Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeSam 11 Sep - 19:23

    [Tendu.]

    Angus aussi aurait pu être aveugle. Mais maintenant qu'il connaissait les plus belles choses, elles lui auraient certainement, gravement manqué. Ne plus voir les mains. Ne plus admirer les visages lourds et fatigués des personnes âgées. Ne plus voir des pintes de bière vides, encore pleines d'écume âcre et amère. Oui, toutes ces images lui auraient passionnément manqué. Il n'était aveugle qu'en touchant et en humant les livres. Il fermait ses yeux, très longtemps, et laissait ses empreintes digitales s'imprégner de cette douceur. Le papier, à rouler ou à lire, était une fortune de bon coeur et un goût de luxe. La luxure des choses simples, Angus en était follement amoureux.
    Mais puisqu'il était toujours aussi attiré et attentif aux belles choses et gens, le jeune anglais jugea audacieux d'aller voir ailleurs. Il foula un plancher grinçant avant de regagner un tapis qui passait par là, près d'une table quelconque. Prise. Angus, avec un livre de Cocteau en main, hésita profondément. Car il eut beau regarder cette fille, il eut (citons-la elle-même) : "l'attirance, non pas sexuelle mais inexplicable vers cette jeune personne" qui bloqua son plexus. Oh, oui, qu'elle était belle. Et Angus aurait voulu demander, supplier, l'un de ses potes dessinateurs pour lui demander de la dessiner, elle.
    Il se tut et s'installa silencieusement en face d'elle.

    - J'espère que ma présence ne vous dérange pas, ajouta-t-il calmement. Si je fais des commentaires saugrenus ou insensés, ce sera de la faute à Cocteau...
Revenir en haut Aller en bas
D. Walter Blake
Ambitieux
Ambitieux
D. Walter Blake


Nombre de messages : 41
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeSam 11 Sep - 19:34

[haha pas le droit de me citer, j'suis sous copyright]

    Blake, pourtant pas très éveillée à ce qui se passait autour d'elle car paumée dans le rêve, avait senti, ou plutôt entendu ou même les deux à la fois, Angus arriver. C'était l'évidente odeur d'un homme. Elle était incapable de dire pourquoi, mais un homme, qu'il porte du parfum, qu'il transpire ou pas, avait une odeur caractéristique. Quelque chose d'attractif. Elle comprenait mieux, en grandissant aveugle, pourquoi certains scientifiques brisaient le rêve du Prince Charmant en expliquant que l'amour, c'était juste une réaction entre atomes, ou quelque chose comme ça. Bordel. Elle leva son visage aveugle vers Angus, avec l'éternel air absent que lui donnait sa cécité. Présence - Saugrenu - Insensé - Cocteau. Il n'y avait aucune raison pour qu'elle le refuse. Elle soupira longuement par simple procédé de détente, et laissa naitre un sourire sur son visage, en hochant légèrement la tête.

    -Allez-y.

    Dit-elle d'une voix très calme et posée. Elle aimait beaucoup les conflits, mais son corps était rompu, elle avait besoin de l'odeur rassurante de ce garçon-là, de Cocteau même s'il le fallait, du cocon de cette pièce puisqu'elle n'avait pas encore de chez-elle.

    -Et même, si vous voulez, lisez-moi Cocteau.

    Chuchotez-moi Cocteau plutôt. Elle se senti idiote tout d'un coup: la voix d'Angus était celle de quelqu'un de jeune, son age à elle, peut être même un peu plus jeune, et elle le vouvoyait. Oh, et puis merde, le vouvoiement était ravissant, et puis après tout il l'avait vouvoyé lui même. Fatiguée de toujours se faire des réflexions de merde, elle posa sa tête sur la table, sans pour autant quitter son sourire crevé.
Revenir en haut Aller en bas
Angus Stone
Hippie
Hippie
Angus Stone


Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeJeu 16 Sep - 21:29

    [hinhin]

    Oh, son odeur. Les narines d'Angus s'écartèrent légèrement sous l'effet de cette identité olfactive particulière. Particulière, oui. Aussi féminine que salée? Poétique. Sensible. Et pratiquement touchante. Le garçon sentit un certain malaise prendre part de son thorax lorsqu'il entendit sa voix. Une mélodie grasse et cassée. Ou peut-être confondait-il avec sa propre voix. Angus fut confus, un instant, en l'observant ouvertement, la bouche entrouverte. L'air presque ahuri. Il réalisa ensuite son impolitesse et rapporta ses yeux au bouquin qu'il tenait entre ses mains légèrement blanches qui sentaient le tabac froid. Il eut envie d'une clope. Puis aspira ses lèvres dans sa bouche pour les mordiller un peu. Angus se retrouvait agréablement nerveux. En se massant la nuque, Angus eut un sourire amusé, caressant les lignes de son regard sombre. Lisez-moi Cocteau. C'était magnifique à dire. Il aurait voulu lui prendre la main, lui raconter Cocteau sans ce fichu bouquin, l'inviter dans un café et lui dire qu'elle sentait affreusement bon. Mais Angus n'était qu'un piètre timide, au fond, et qu'un banal romantique des bars bondés, qu'un garçon qui ne supportait pas de dormir contre un mur, qu'un anglais qui tombait amoureux à chaque odeur, chaque sonorité, chaque sourire...
    Alors il lut Cocteau doucement, comme une berceuse. Et cela lui plaisait, malgré quelques difficultés. Angus trébuchait parfois sur les mots et s'en excusait immédiatement.
Revenir en haut Aller en bas
D. Walter Blake
Ambitieux
Ambitieux
D. Walter Blake


Nombre de messages : 41
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeJeu 16 Sep - 22:24

    Rire était quelque chose que Blake adorait. Rire pour rien, parce qu'il pleut, parce que quelqu'un vient d'avoir un drôle de rire, justement, ou tout simplement parce que même si elle s'en cache bien, la vie est belle. Mais elle n'avait jamais pu et ne pourrait jamais rire d'une drôle de grimace, de ciel bleu ou même de fleurs sur une table. Elle était condamnée à ne pas observer minutieusement les réactions des autres et même si elle y avait à peine touché, ça la rendait malade. Elle voulait voir les réactions d'Angus qu'elle connaissait à peine, plutôt que de frissonner en entendant sa respiration se troubler pour maintes et maintes raisons qu'elle aurait tenté d'analyser en d'autre circonstance. Bien sur qu'elle adorait avoir ce petit plus, être capable de savoir des choses que les autres ne savaient pas, et puis, toutes les sensations qui ne sont pas oculaires font tellement plus réagir le corps...Ce qui ne l'empêchait pas d'être meurtrie d'avoir ce grand moins. Et qui aurait pu la blâmer? Elle aurait voulu lire sur le visage qu'elle s'imagina joli, ou peut être quelconque d'Angus. Elle se cala dans sa chaise comme un bébé koala, la bouche calée contre son genou, et l'écouta lire. Écouter, elle pouvait le faire mieux que tout le monde, et laisser son corps entièrement réagir et frissonner comme bon lui semblait. Chaque hésitation, respiration du jeune homme l'atteignait directement. Bien sur, il ne pouvait pas deviner. Mais c'est si fort, ces moments, ces sensations. Si présent. Finalement, comme Bobby avait été sa vie, ces choses là, ces moments précieux pouvaient la devenir. Elle pouvait butiner de gens précieux à gens précieux comme une abeille, et vivre non pas par procuration, mais par sensations. N'user que de son corps, et tant pis pour le reste. Elle serait muette. Aveugle et muette. Et, comme pour souligner son propos, elle tendit la main pour toucher le visage d'Angus. Pour 'voir' à quoi il ressemblait certes, mais surtout pour-sentir-la-chaleur-de-sa-peau-sous-ses-doigts.

    -Continue.

    Ordonna-t-elle presque, ses beaux yeux opaques tentant, et arrivant presque à fixer dans la direction de son regard.

    -Continuez.

    Comme dans 'continium espace temps'. Ce qui arrivait était parfaitement logique, comme si Bobby n'était pas dans le coma ou peut être morte, comme si elle n'était pas il y a encore cinq minutes une sombre inconnue pour lui -et qu'elle l'était d'ailleurs encore- et que de toute façon, ce n'était écrit nulle part dans aucun code moral que son comportement était inhabituel.
Revenir en haut Aller en bas
Angus Stone
Hippie
Hippie
Angus Stone


Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeSam 18 Sep - 10:41

    Angus avait été passionnément plongé dans sa lecture, même en ramant par moment, même en soufflant plusieurs "désolés" parfois, même en se raclant la gorge, même en jurant à demi à chaque fois qu'il se trompait de ligne ou qu'il devait recommencer parce que c'était incompréhensible. Angus était bien meilleur liseur dans sa tête qu'oralement. Surtout devant une belle inconnue à l'odeur envoûtante. Une odeur qui donnait l'impression à Angus de sentir du miel couler dans sa bouche. Des impressions qu'il se gardait bien de lui dire, conscient de l'étrangeté des sensations qu'il éprouvait en sa compagnie.
    Angus, toujours ailleurs, toujours intimidé ou simplement simplet, n'avait pas encore remarqué que Blake ne voyait pas. Il y avait pensé, un instant, en la regardant dans une pauvre seconde, mais le bouquin l'avait remporté sur son visage et Angus ne s'était pas attardé davantage sur son faciès. Il avait joué l'aveugle à son tour, l'ignorant, mais maintenant qu'il sentait une approche, le jeune homme comprenait. Il comprenait et relevait le visage pour qu'elle le touche à sa guise, le regard profondément ancré sur elle, sur ses lèvres. Il mordit les siennes et l'observa avec tendresse lorsque l'inconnue lui demanda de continuer.
    Ce qu'il fit, avant de porter l'une de ses mains jusqu'à celle de la fille, pour qu'elle connaisse ses mains à lui. Sales de craie blanche et rugueuses.
Revenir en haut Aller en bas
D. Walter Blake
Ambitieux
Ambitieux
D. Walter Blake


Nombre de messages : 41
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeSam 18 Sep - 19:34

    Mais c'était un gosse! Il n'y avait qu'un gosse pour avoir de la craie sur ses mains. Un gosse, ou un prof, mais il n'avait pas assez l'habitude de lire à haute voix pour cette deuxième option. Blake faillit esquisser un sourire quand elle se rendit compte de ce qu'elle pensait: mais elle aussi était encore une gosse! Oui, une gosse vieille de deux mille ans. Combien de temps lui faudrait-il pour guérir ses blessures? Et d'ailleurs, pourrait-elle jamais y arriver? Elle avait une folle envie d'embrasser le si jeune, et donc si insouciant garçon. Pour le goûter, d'abord, parce que c'était des lèvres, une intonation, une peau différente, ensuite pour tenter de lui voler un peu de cette innocence horriblement perdue qu'elle essayait désespérément de retrouver. Elle avait été heureuse, follement heureuse. Et maintenant, elle était comme une ermite écrivant des bouquins et de vers de poète maudit, évitant sa vie comme d'autres évitent la peste. Bien sur, elle avait toujours été un peu comme ça, mais avant l'accident, avant que Bobby ne soit plus comme elle l'était, elle pouvait écrire à flot, même des pièces de théâtre joyeuses et profondément pertinentes. Elle n'écrivait plus que des trucs méandreux, mélanges de Chateaubriand et de Baudelaire dans ses époques les plus sombres. Elle souffrait de toute cela sans s'en rendre compte. Elle avait besoin de 'quelque chose de très fort qui la tire vers le haut'. Elle s'accrocha à la main d'Angus comme on s'accroche à la main d'un amant pendant l'amour. Elle aimait les mains rugueuses, les mains qui avaient vécu. Le corps n'était qu'un témoin archéologique comme un autre, qu'elle aimait toucher, explorer. Elle aimait à penser que si elle avait vu, elle serait devenue peintre. Mais aurait-elle eu la même obsession du corps, du visage, des traits, de la chaleur de la peau si elle avait vu les choses et le monde? Bobby le décrivait souvent comme dégueulasse, et elle l'avait souvent engueulée pour ça. Les trois jours où elle avait vu de nouveau, un mois plus tôt, lui avaient confirmé la chose, ne faisant qu'empirer son état de détresse immense.

    -Vous ne pouvez pas vous rendre compte à quel point c'est précieux, tout ça, toutes ces hésitations, reprises, comme des ratures sur une feuille que je ne verrai jamais.

    Chuchota-t-elle comme si elle le disait à elle-même, alors qu'elle parlait à Angus. Elle eut peur de l'effrayer, un temps. Une abeille butineuse n'avait pas tant de soucis avec sa fleur, qui ne bougeait que rarement, uniquement sous l'effet du vent.
Revenir en haut Aller en bas
Angus Stone
Hippie
Hippie
Angus Stone


Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeVen 24 Sep - 21:39

    but i can't really help it when i feel this.. pressure.

    Angus admet être soumis à de drôles d'envies en compagnie de cette inconnue. Il ne la connaissait pas. Savait juste qu'elle était aveugle, qu'elle sentait bon et qu'elle aimait peut-être Cocteau. Qu'elle était touchante et qu'elle était capable de toucher. De, vraiment, toucher. Il ne connaissait strictement rien d'elle. Et pourtant, c'était avec elle qu'Angus avait envie de s'allonger sur un plancher, la tête de la jeune femme sur son ventre, à lire et réciter des poèmes. Baudelaire, Rimbaud ou d'autres. Peu importerait tant qu'elle sentirait son ventre se contracter à cause des mots, des respirations, des rires légers. Du moment que la demoiselle sentirait ses vibrations de bien-être à travers ses fibres textiles et beaucoup plus.
    L'anglais hésita lorsque la jeune femme crispa sa main sur la sienne. Il hésita longuement, relevant ses yeux sombres sur elle, longtemps. Secoué par sa phrase. Soufflé. Essoufflé. Éberlué. Et puis, deux, trois minutes passèrent et leur contact continua à structurer ce lien, et sa voix murmura timidement, avec angoisse, appréhension et candeur :

    - Est-ce que je peux vous inviter à prendre un café.
Revenir en haut Aller en bas
D. Walter Blake
Ambitieux
Ambitieux
D. Walter Blake


Nombre de messages : 41
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeSam 9 Oct - 19:31

    A Blake de se crisper encore plus. Elle a peur des gens. Elle a peur de s'attacher, ou même de parler, au cas où il leur arriverait malheur et que même si elle les connaissait à peine, elle se sentirait coupable. Boire un café avec quelqu'un n'était pas une simple petite occupation, et même, flirter avec les gens l'effrayait. Elle se sentait coincée dans une bulle de tristesse dont il lui était impossible d'échapper, et d'être d'une lourdeur à toute épreuve. Elle avait peur d'être violente. De faire mal à ce pauvre type qu'elle connaissait - enfin, connaissait, bien grand mot! - depuis trente secondes, qui n'avait fait que lui lire du Cocteau. Elle avait perdu ses repères, ou plutôt avait laissé ses 'repères', Bobby, loin derrière elle, en galère. Ce n'était pas une réclamation d'indépendance, c'était de la folie. De la peur, de la panique. Et voilà que le même sentiment, les mêmes sensations la submergeait pour un rien. Pour la voix de ce jeune homme qui innocemment met le pied dans un monde dont il n'a pas conscience. Elle se déteste d'être comme ça, se trouverait tellement mieux comme avant, joyeuse, aguicheuse, merveilleuse bien qu'aveugle. Elle aimait embrasser les gens, le faisait sans y attacher trop d'importance, sans accorder beaucoup d'importance à quoi que ce soit d'ailleurs. La vie était simple. Elle avait tout cassé. Enfin, pas elle, mais la vie, tout simplement, tout bêtement. Tout était lourd, dur pour elle, comme si on avait roué de coups son petit corps. Elle aurait aimé sentir un sourire s'étaler sur ses propres lèvres, un sourire, cette chose si banale parce que quotidienne, mais tout à fait merveilleuse. La nécessité la poigna, et, s'empêchant d'avoir les larmes aux yeux, elle tendit la main à nouveau. Pour toucher ses lèvres à lui.

    -Souriez. S'il vous plait.

    Demanda-t-elle d'une voix neutre, s'étant battue pour que la boule qu'elle avait dans la gorge ne modifie pas sa voix. Sa main chaude contre la bouche d'Angus, elle attendit, presque comme si c'était vital. Ensuite, peut être, si elle trouvait la force, elle dirait oui, je veux bien, comme elle pourrait. Il fallait qu'elle se batte, elle le savait, cependant elle ne se sentait pas encore la force, elle était trop vieille et trop loin, et puis, toute seule, elle n'y arriverait pas. C'était irrémédiable dans la solitude. Cependant il lui fallait se terrer comme un loup - sans qu'elle sache pourquoi, sans qu'elle puisse empêcher cette nécessité d'étreindre son corps.
Revenir en haut Aller en bas
Angus Stone
Hippie
Hippie
Angus Stone


Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeDim 17 Oct - 13:53

    [Je voulais répondre, même dans les conditions désastreuses où je me trouve; j'espère que tu ne m'en voudras pas]

    Ce n'était pas une chose qu'on vivait habituellement. Il n'arrivait à personne d'être toucher par une inconnue aveugle au bout de deux minutes de conversation, et à cause de Jean Cocteau. Alors, merde. Angus réalisa, réalisait, avait réalisé qu'il vivait un moment unique. Et quand elle lui demanda de sourire, il le ft. Tendrement. Il la regarda profondément et garda son sourire, qui frôlait l'esquisse amoureuse, en réalité. Elle lui plaisait tant.
Revenir en haut Aller en bas
D. Walter Blake
Ambitieux
Ambitieux
D. Walter Blake


Nombre de messages : 41
Date d'inscription : 05/09/2010

she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitimeDim 17 Oct - 14:06

[Ça me va très bien Smile Quelles conditions désastreuses?]

    Blake avait l'impression que dans cinq secondes un trou béant s'ouvrirait dans le paysage et qu'elle serait aspiré comme une miette ou une poussière dans un aspirateur. Elle se sentait tout à fait mal maintenant, et sans savoir pourquoi véritablement. Elle aurait aimé être capable de ne pas avoir des phases dures comme ça, surtout pas devant des gens, mais ça faisait mal, en dedans, comme un couteau, ou peut être un canif, planté dans sa poitrine. Douloureux dedans. Elle se sentait d'autant plus seule qu'il pouvait la voir, et qu'elle était surement horriblement de tristesse, alors qu'elle ne pouvait même pas le voir lui, ses réactions. Elle crispa, très légèrement sa main sur le visage du jeune homme, prit deux longues goulées d'air.

    -Est-ce que je peux...

    Elle ne trouvait pas le mot juste. Vous enlacer? M'accrocher à vous pour ne pas me noyer? Vous serrer dans mes bras? Pourquoi Cocteau, pourquoi ce si jeune homme, pourquoi elle tout simplement, et en parlant de simplement, pourquoi la vie n'était-elle pas simple? Parce qu'elle la compliquait, et elle en était consciente, mais ne le faisait pas volontairement. 'Les yeux sont aveugles, il faut chercher avec le cœur' - seulement difficile, quand il est en train de se gangréner, ou qu'on en a l'impression du moins.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Empty
MessageSujet: Re: she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)   she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake) Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
she smells the daisy, she drives me crazy. (Blake)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» D. Walter Blake - Would you be my valentine?
» ALWAYS THINKING - D. Walter Blake

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Un Campus et une ville Londres :: Campus :: Bibliothèque-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser